Le 15 septembre 2000

Communiqué de presse

 

Des collisions de noyaux d’or pour recréer un nouvel état de la matière

 

Au laboratoire national de Brookhaven aux Etats-Unis, les physiciens ont réussi avec l’accélérateur RHIC et grâce à des collisions entre noyaux d’or à recréer un état de la matière qui devait exister quelques millionièmes de secondes après le Big–Bang. Le laboratoire nantais Subatech, laboratoire commun du CNRS, de l’Ecole des Mines et de l’Université de Nantes, participe à cette passionnante aventure.

 

On pense aujourd’hui que notre univers est né d'une explosion originelle d'une masse très dense, de température très élevée (15 milliards de degrés) : c’est le fameux Big-Bang. Les connaissances acquises par la physique des particules, ont permis d'écrire un scénario plausible des premiers instants de notre univers et de remonter le temps jusqu'à 10-43 secondes après le Big-Bang.

 

Il reste cependant à vérifier certaines hypothèses de ce modèle dont l'une fait aujourd'hui l'actualité scientifique. La matière, telle que nous la connaissons aujourd'hui, est constituée de neutrons et de protons, eux-mêmes formés de quarks —particules élémentaires “ confinées ” au sein des protons et des neutrons—, et de gluons —particules porteuses de la force qui assure la cohésion entre les quarks—. La question posée est la suivante : existe-t-il une température critique à laquelle la matière se dissout en cette “soupe” de constituants élémentaires appelée plasma de quarks et de gluons ? Pour y répondre, les physiciens ont imaginé la reconstitution en laboratoire des conditions de température et de densité qui ont prévalu quelques millionièmes de secondes après le Big-Bang, la reconstitution en quelque sorte d'un mini Big-Bang. Après les expériences utilisant des collisions entre noyaux de plomb et réalisées avec succès au CERN, le Laboratoire National de Brookhaven, près de New-York aux Etats-Unis, a pour la première fois au monde réalisé, grâce à l’accélérateur RHIC, des collisions frontales de noyaux d'or, voyageant à quasiment la vitesse de la lumière et a pu recréer ces conditions de température et de densité. Il reste maintenant à déterminer la nature de la matière ainsi formée, ce à quoi s'attachent un bon millier de physiciens venus du monde entier. Le dépouillement des données, provenant de quatre expériences, qui apportera des éléments de réponse à des questions clés sur la structure de la matière et la création de l'univers, est en cours et les résultats sont attendus avec impatience par la communauté scientifique.

 

Cette première expérience n'est en fait qu'une étape puisque la montée en puissance, programmée pour l'année prochaine, du système d'accélération permettra de doubler l'énergie des noyaux d'or et ainsi augmenter encore la température du mini Big Bang ....  en attendant le collisionneur le plus puissant jamais réalisé, le LHC (Large Hadron Collider) en construction au CERN, qui accélèrera des noyaux de plomb et permettra de concentrer encore dix fois plus d'énergie dans la collision, ce qui nous rapprochera encore plus de l'origine de notre univers.

Le laboratoire nantais SUBATECH, qui bénéficie d'un fort soutien de la Région Pays de Loire, est largement impliqué dans ces expériences. Il a été aussi aidé dans sa contribution par les prestations de quelques PME régionales.

                            

 

Les deux images ci-dessus illustrent comment les physiciens “voient” une collision frontale entre deux noyaux d'Or au travers des deux principaux détecteurs, PHENIX (à droite) et STAR (à gauche) à la construction et à l'exploitation desquels participe le laboratoire SUBATECH. Les traces blanches ou bleues visualisent la multitude des particules créées lors de cette collision.

 

Contact : Yves Schutz (schutz@in2p3.fr) 02 51 85 84 71

                 SUBATECH

                 4, Rue Alfred Kastler

                 44307 Nantes Cedex 3